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Quel effet le confinement a eu sur les familles? Une experte nous répond

Le pays sort à tâtons du confinement et nous sommes nombreux à nous demander quel effet la crise du coronavirus et le confinement a eu et aura sur les familles. Pour répondre à cette interrogation, l’Institut de Recherches en Sciences Psychologiques de l’UCLouvain a sondé 1300 parents belges francophones. Une experte a répondu à nos questions concernant cette étude.

Isabelle Roskam est docteure en psychologie à l’Université catholique de Louvain. Elle est aussi à l’initiative de la ligne téléphonique SOS Parents, qui a été ouverte pour écouter et conseiller les parents pendant le confinement. Elle fait avec nous le point sur l’impact que cette période a eu sur les familles belges.

Le confinement mènera-t-il les parents au burn-out? La réponse d’un psychologue de l’UCL

Pouvez-vous nous expliquer quel a été l’impact du confinement sur les familles?

En fait, ce confinement a été vécu différemment selon les familles: pour certains parents, il a été une aubaine, et pour d’autres une catastrophe. On a remarqué que pour 30% des pères et 36% des mères, la crise sanitaire a été une opportunité, puisque leur niveau de stress a diminué. Le fait de rester à la maison a supprimé la gestion des activités extra-scolaires, les déplacements à l’école, les sorties des ados, les amis… et surtout, ces parents en ont profité pour faire des choses qu’ils souhaitaient faire depuis longtemps, comme repeindre la maison, jardiner, bricoler, etc. Ils ont aussi profité de cette période pour passer plus de temps de qualité avec leurs enfants, puisqu’ils devaient moins “courir partout”.

Mais chez les autres, cette crise (et surtout le confinement) a engendré plus de stress: pour 15% des pères et 20% des mères belges, avec un risque de burn-out qui va avec.

Et en ce qui concerne les enfants?

Notre expérience sur la ligne SOS Parents (qui a reçu plus de 650 appels traités depuis le 23 mars) a montré que les enfants étaient en souffrance: apparition de problèmes de comportement, anxiété, décrochage au niveau des apprentissages, troubles du sommeil, énurésie, etc. Les besoins sociaux des enfants ont été mis à rude épreuve pendant cette période. Le contact avec les autres est un moteur indispensable du développement cognitif (puisque les enfants apprennent par imitation, par émulation et par coopération), mais aussi du développement affectif.

La privation de contacts sociaux a créé une véritable souffrance chez certains, ce qui a conduit à l’apparition (ou à l’aggravation) de problèmes de comportement et de troubles psychologiques, voire même somatiques.

Peut-on dire que le parent belge a puisé dans ses ressources pour cette période si particulière et qu’il est plus “fatigué” aujourd’hui qu’avant le confinement?

En fait, cela dépend de la situation initiale de la famille. Selon que l’on ait des enfants en bas-âge ou des ados, des enfants aux besoins spécifiques (TDA, hyperactivité…), que l’on doive gérer seul(e) ou à deux le suivi pédagogique, que l’on télétravaille ou pas, que l’on dispose d’un jardin ou que l’on vive en appartement, on a vécu le confinement différemment. Par exemple, le confinement avec des enfants très jeunes ou des enfants aux besoins spécifiques ou des jeunes adultes a été plus difficile à gérer. Il en va de même pour les aspects liés au télétravail, ou pour les parents qui sont inquiets de la reprise de leurs activités professionnelles.

Avez-vous remarqué une recrudescence des burn-outs? Ou en craigniez-vous un dans les prochaines semaines ou mois?

Tout d’abord, il est important de dire qu’un burn-out peut arriver dans n’importe quel type de famille, chez n’importe quel parent, où qu’il vive et peu importe sa situation. Durant le confinement, des appels à SOS Parents ont été passés depuis tous types de milieux et de famille, sans clivage.

Ensuite, selon notre étude, on pense que le taux de burn-out n’augmentera pas sensiblement. Par contre, les parents qui ont vécu le confinement avec des critères objectivement difficiles risquent en effet davantage l’épuisement. C’est-à-dire:

  • Être confiné avec des enfants peu autonomes qui requièrent une attention constante.
  • Être confiné avec des enfants de moins de 4 ans ou avec des grands ados/jeunes adultes.
  • Être confiné avec des enfants à besoins spécifiques: handicap, troubles de l’attention, hyperactivité, etc.
  • Être en situation de télétravail.
  • Ne pas avoir d’emploi: la situation des mères/pères au foyer a changé négativement puisqu’ils ne disposent plus de temps pour eux pendant que les enfants sont à l’école.

En revanche, pour les parents qui ont un emploi qui a été en pause car l’emploi ne peut ou pouvait être effectué à distance, ce confinement a été un facteur de protection au burn-out, car le confinement leur a donné l’occasion de “souffler” si on peut dire.

Que conseilleriez-vous aux parents fatigués par le confinement et qui ont le sentiment d’avoir puisé dans leur réservoir mental et émotionnel pour tout gérer de front?

Pour les familles qui ont été fragilisées par le confinement, il est nécessaire de retrouver progressivement un meilleur équilibre. Concrètement, cela signifie remettre des ressources en place (concrètes et émotionnelles) pour alléger le stress. Pour certaines d’entre elles, un accompagnement peut s’avérer nécessaire et beaucoup de psychologues se sont formés spécifiquement durant le confinement pour se préparer à accompagner ces familles.

Il s’agit pour ces parents de comprendre les effets qu’a produit le confinement sur eux, d’identifier les sources de stress et les ressources nécessaires à son fonctionnement. Il y a lieu aussi de faire de cette expérience inédite une occasion d’apprendre sur soi, sur la manière dont le système familial fonctionne. De cette façon, le confinement ne sera plus vécu comme un traumatisme, mais comme une force qui permet d’avancer en mieux.

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