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Avis d’expert: pourquoi il ne faut plus donner la fessée à ses enfants?

Par Tatiana Czerepaniak
Le sujet de la fessée est devenue la pierre angulaire vers une parentalité positive et plus respectueuse du bien-être de l'enfant. L'experte Amélie Collet nous offre des pistes pour l'éviter.

Alors que le mode éducationnel est en plein mouvement, de plus en plus de parents tentent de changer les codes pour aller vers une parentalité plus consciente et positive, en accord avec les valeurs de respect et d’écoute de l’enfant. Et dans cette mouvance de parentalité positive, la fessée est un acte à éviter.

Amélie Collet, coach en psychologie positive, nous donne son avis d’experte sur la fessée et nous explique pourquoi et comment il ne faut sortir la fessée de nos principes d’éducation.

La fessée, une méthode d’un autre temps

“Le débat sur la fessée n’est pas vraiment nouveau… Pourtant, je crois qu’il faudra en parler tant que les comportements n’auront pas vraiment évolué. Nous avons tous peur du changement. Tellement peur que nous nous efforçons de rester sur nos acquis sans remettre nos méthodes d’éducation en question. Parce qu’il est très difficile de se dire que nos aïeux faisaient mal, il est extrêmement pénible de reprocher à nos parents et à nos grands-parents des méthodes employées depuis la nuit des temps, ajoutons à cela que nous ne savons pas toujours comment faire autrement. Nous avons tous entendu ces fameuses répliques “des fessées j’en ai reçu et je n’en suis pas mort”, “une petite tape sur la main, ou sur la couche ce n’est rien”, “au moins ça fonctionne, il arrête tout de suite ses caprices”.

Alors laissez-moi remplacer le mot fessée par “violence éducative ordinaire”. Parce qu’une fessée, même minime, reste une violence. Une violence acquise sous couvert d’éducation, une violence banalisée qui n’appelle plus aucune prise de conscience, ni aucun remord.

Mais si vous avez déjà mis une fessée à votre enfant, si vous y avez déjà pensé ou si vous n’avez pas trouvé d’autres solutions, ne culpabilisez surtout pas. Il est toujours temps de changer son mode de fonctionnement et d’instaurer une éducation plus apaisée à la maison.”

L’enfant est une personne à part entière

“La base d’une éducation saine est de considérer son enfant comme une personne à part entière. Il est certes notre enfant, mais il n’en reste pas moins une petite personne qui ne nous appartient pas. Et notre rôle de parent est de lui apporter les soins nécessaires ainsi que l’apprentissage qui le conduiront vers l’autonomie avec beaucoup d’amour. La violence et l’humiliation doivent donc être naturellement évitées, pour une meilleure construction psychologique de l’enfant. C’est une chose qui est facilement compréhensible par tous, mais comment faire pour ne pas laisser notre colère l’emporter et éviter un geste regrettable?”

Accepter le fait que la fessée n’est plus une option

“Si la fessée nous vient naturellement à l’esprit quand nous sommes à bout, si notre colère nous empêche de reconnaître la réelle violence de cet acte, c’est que notre héritage culturel et éducationnel, profondément ancré, laisse la porte ouverte à cette solution qui n’en est pas une. Pour changer sa vision des choses, il faut accepter de se dire que non, la fessée n’est plus une solution envisageable pour le bien-être de la famille. Nos enfants méritent que l’on brise un comportement qui traverse les générations, ils méritent que l’on affronte le regard désapprobateur des personnes qui n’auront jamais cherché à agir autrement.

Voyons la situation où votre enfant a commis une bêtise impardonnable. Par exemple, il a fait du mal à son petit frère, il a dit un gros mot, il fait un énième caprice et vous êtes excédé. Dans ce cas, un enfant qui reçoit une fessée ne va pas faire le lien entre sa mauvaise conduite et la punition violente qu’il aura reçue. Les fessées répétées lui feront comprendre que la violence est normale et envisageable. Pour lui, il sera légitime de pouvoir taper quelqu’un d’autre, même quelqu’un qu’on aime. Bien sûr il saura que la bêtise aura déclenché la colère de ses parents et leur désamour, mais il n’apprendra pas que ce qu’il vient de faire n’est pas une bonne chose. Cette violence éducative ordinaire a un réel impact sur le bien-être psychologique de l’enfant, ainsi que sur celui du futur adulte qu’il deviendra. Personne ne tirera profit de cette fessée, car la violence ne soulage pas les parents et ne responsabilise pas les enfants, bien au contraire.”

Comment réagir autrement ?

“La première chose à faire, et la plus difficile, est de ne pas se laisser emporter par la colère. Quand un parent se laisse envahir par les émotions négatives, aucune réaction positive ne pourra être mise en œuvre. C’est parfois bien compliqué, mais il faut prendre quelques secondes pour apprécier correctement la gravité (ou non) de la situation. Il faut ensuite mettre des mots sur la situation avec son enfant, même s’il est tout petit, et rester simple et bienveillant. Nous sommes les parents, c’est à nous de montrer l’exemple. En responsabilisant les enfants, en leur apprenant à éprouver de l’empathie pour les autres, les relations de votre enfant avec lui-même, ses amis et sa fratrie seront plus apaisées. Bien sûr, il ne faut jamais laisser faire ni minimiser la bêtise. Le mieux étant de prendre le temps du retour au calme et du dialogue. Ainsi, au fur et à mesure, l’écoute et la parole deviendront des automatismes.

L’autre point difficile est de ne pas céder à la facilité, à l’emportement et à l’envie irrésistible de déverser notre colère sur nos enfants quand nous sommes excédés. Il faut s’efforcer de faire un pas ou deux en arrière, car un enfant à qui on aura transmis écoute et empathie ne sera plus dans le défi, mais le dialogue. Le chemin est certes long car il s’agit d’un apprentissage aussi bien pour les parents que pour les enfants. Et surtout, n’oubliez pas une chose: nous connaissons tous ces situations, alors ne vous jugez pas hâtivement et agissez avec votre amour de parent.”

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