Capture d'écran ©Jenesuispasjolie

Vidéo: une YouTubeuse témoignage sur le sujet tabou de l’avortement

Par Soline de Groeve
Léa, connue sous le pseudonyme Jenesuispasjolie, a livré dans une vidéo YouTube un puissant témoignage sur l'avortement qu'elle a subi à l'âge de 16 ans, ainsi que sur les réactions de ses proches, du corps enseignant et du personnel médical.

“Avant toute chose, je vous demande de faire preuve de bienvaillance dans les commentaires. Je ne souhaite pas ouvrir un débat pour ou contre le droit à l’avortement”, débute la YouTubeuse. “Je viens vous parler de mon histoire parce que je pense que ça peut toucher des femmes qui sont dans la même situation. À l’époque, j’aurais aimé avoir d’autres personnes autour de moi qui avaient vécu la même chose”

Tomber enceinte adolescente

Léa raconte ensuite son histoire qui s’est déroulée en 2013, alors qu’elle était âgée de 16 ans. Comme de nombreuses adolescentes, elle prenait la pilule et avait donc des rapports non protégés avec son copain Samuel. Oubli, maladie, retard… Une plaquette n’a pas été prise correctement et elle est tombée enceinte.

Puisqu’elle a du retard dans son cycle menstruel, Léa fait un test de grossesse qui s’avère positif. Après un moment de choc et d’émotions complexes, elle décide d’avorter. Une décision soutenue par certains de ses proches, et qu’elle considère aujourd’hui comme réfléchie: “Maintenant que je suis maman et que je sais la responsabilité et tout ce que ça demande comme sacrifices, maturité et organisation, je sais très bien que ce n’était clairement pas le bon moment et que je n’étais pas prête du tout.”

La décision d’avorter

Après une première échographie, Léa doit retourner deux semaines plus tard chez le gynécologue. Le temps de voir si l’embryon n’est pas viable et partira de lui-même, ou si une IVG (une interruption volontaire de grossesse) est nécessaire.

L’embryon étant viable, Léa et Samuel se rendent chez un autre gynécologue avant de procéder à l’avortement. “Pire expérience de ma vie. Je pense que j’ai été traumatisée, je ne suis pas allée voir un gynécologue pendant des années”, explique-t-elle. “On s’assoit et le gynéco me demande de me déshabiller d’une façon très particulière. Il me dit, en claquant des doigts: ‘allez, on baisse la culotte, on baisse le pantalon!’. Hyper infantilisant, très gênant.”

Des violences obstétricales

Mais le pire n’est pas encore arrivé: Léa explique au gynécologue ne pas vouloir regarder l’échographie, sachant qu’elle ne pourrait pas supporter ce moment. “Ah si si, vous allez regarder. Il faut prendre vos responsabilités mademoiselle!”, lui répond le médecin, en mettant l’écran devant ses yeux. Léa fond ensuite en larmes et se rhabille, lorsque le médecin lui dit: “Mais pourquoi vous pleurez mademoiselle? Ce n’est pas grave, on en voit tous les jours. Estimez-vous heureuse car votre copain est là. Les trois quarts sont en train de fumer de l’herbe avec leurs potes!”

Aujourd’hui encore, Léa est choquée de la manière dont ce gynécologue lui a manqué de respect, ainsi qu’à Samuel. Elle pourra heureusement compter sur un corps médical plein d’empathie lorsqu’elle se rendra à la clinique pour pratiquer l’IVG.

Une incompréhension de la part du corps enseignant

Pendant cette expérience douloureuse, Léa a également dû faire face à de nombreuses épreuves dans son lycée. L’entièreté du corps enseignant a appris qu’elle allait pratiquer une IVG, alors que Léa ne l’avait confié qu’à un seul professeur. Certains enseignants n’ont pas hésité à faire la morale à son copain, tandis que d’autres ont montré un cruel manque d’empathie. Une professeur de sport, en connaissance de cause, lui refusera même l’accès aux vestiaires pour se changer alors qu’elle souffre d’une hémorragie post-IVG.

Un témoignage puissant

Aujourd’hui, Léa s’est remise de son intervention, aussi bien “physiquement que psychologiquement”. Déplorant l’accompagnement peu respectueux qu’elle a eu dans une telle situation, la YouTubeuse a tenu à témoigner pour sensibiliser les gens à cette épreuve difficile. Un acte très courageux de sa part.

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