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Témoignage: “Je n’ai plus vu mon petit-fils depuis un an”

Si pour beaucoup, être grand-parent est un plaisir à vivre au quotidien, d’autres en revanche sont privés de cette joie à cause d’un conflit familial. Rita fait partie de ces grand-mères privées de leurs petits-enfants.

Rita est la maman de deux garçons, de 24 et 27 ans. À 50 ans, elle devient mamy. Un bonheur dont elle n’a hélas pas pu profiter puisque aujourd’hui, c’est de loin qu’elle doit regarder grandir son petit-fils.

“Mon fils aîné a rencontré sa compagne lorsqu’il était encore adolescent, mais les choses sont très vite devenues sérieuses entre eux et ils ont emménagé ensemble rapidement. Peu de temps après, ils nous annonçaient la bonne nouvelle: nous allions devenir grands-parents. J’étais aux anges! J’ignorais malheureusement qu’à partir de ce moment, notre relation allait se dégrader. Je n’ai pratiquement pas vu ma belle-fille durant sa grossesse et lorsque je la voyais, c’était assez glacial, sans que j’en comprenne les raisons. Je me souviens du jour où j’ai posé ma main sur son ventre, un geste qui me semblait naturel. Elle m’a rétorqué: ‘C’est la première et dernière fois que vous faites ça.’ J’étais abasourdie, mais je n’ai pas réagi.

Le jour où le bébé est né, mon fils m’a téléphoné pour m’avertir. Mon mari et moi avons quitté le travail et nous nous sommes tout de suite rendus à l’hôpital. Hélas, on ne peut pas dire que nous avons été bien reçus… J’ai eu l’impression qu’ils n’étaient pas heureux de nous voir, mais surtout, ce qui m’a fait le plus mal, c’est que je n’ai pas eu la chance de pouvoir prendre mon petit-fils dans les bras. Personne ne m’a invitée à le faire et je sentais bien qu’il valait mieux que je n’en prenne pas l’initiative. Ensuite, la vie a repris son cours. Mon mari et moi étions impatients de passer du temps avec notre petit-fils. Mais puisque nous n’avions aucune nouvelle, nous nous sommes invités plusieurs fois chez eux. J’ai alors un peu forcé les choses, c’est vrai, et j’ai pris quelques rares photos de moi avec ce petit bout de chou. Quel plaisir cela a été de pouvoir le prendre dans mes bras, c’est un moment fort et rempli d’émotions que je n’oublierai jamais.

Des moments difficiles

Le jour du baptême n’a pas été évident non plus. Mon mari et moi étions installés en bout de table, loin du bébé, alors que les parents de ma belle-fille étaient eux juste à côté. Chacun avait l’opportunité de le prendre dans ses bras, sauf nous. J’ai appris par après que les invités avaient reçu comme consigne de ne pas nous le donner. Après ça, ils sont venus une fois seulement à la maison, pour la Saint-Nicolas, la seule et unique fête que j’ai pu célébrer avec mon petit-fils. Mais une fois encore, cela ne s’est pas déroulé dans la bonne humeur au contraire, c’était plutôt tendu. Après cette journée, je ne les ai plus revus et je suis quasiment restée sans nouvelles. J’ai terriblement mal vécu la situation et je me suis rendue malade. J’étais stressée en permanence, je ne dormais plus et je me suis remise à fumer. Je ne pouvais m’empêcher de penser à mon petit-fils, je l’imaginais grandir et changer de jour en jour. Plusieurs questions trottaient dans ma tête: est-ce qu’il se souvient de moi? Est-ce qu’il sait seulement qui je suis? Il suffisait que je croise un jeune enfant dans la rue pour que mon cœur se serre et qu’une boule se forme dans mon ventre. Lorsque je voyais une pub pour un parc d’attractions à la télévision, je pensais: ‘Voilà un autre endroit où je n’emmènerai pas mon petit-fils.’ Pendant un moment, j’ai même pensé à poursuivre mon fils en justice. Car après tout, j’ai le droit légalement de voir mon petit-fils et de faire partie de sa vie. Mais mon mari a refusé, c’est vrai qu’il s’agirait là d’une déclaration de guerre…

Rester dans l’ombre

Aujourd’hui, ce petit bout de chou vient d’avoir 3 ans et je ne l’ai pas vu depuis plus d’un an. Le temps passe si vite… Sincèrement, je n’ai jamais compris ce que j’avais fait pour que l’on m’empêche de le voir et j’aimerais le savoir! Peut-être est-ce à cause d’une remarque que j’avais faite à mon fils au moment du baptême, où j’étais étonnée et déçue qu’il n’invite pas ses tantes? Ou bien parce que je n’ai pas ‘pleuré de joie’ comme ma belle-fille espérait, quand elle m’a annoncé sa grossesse? Je l’ignore…

Je sais que ses autres grands-parents le voient tout le temps et c’est d’autant plus dur. Mon fils passe très rarement à la maison, quand cela arrive, il est toujours seul et je pense qu’il le cache à ma belle-fille. J’ai déjà essayé de parler de la situation avec lui, mais c’est impossible, le ton monte immanquablement et il s’en va. J’ai fini par laisser tomber. J’ai entamé une thérapie chez une psychologue, cela me fait beaucoup de bien car c’est la première fois que je parle avec quelqu’un de la tristesse que je ressens.

Avancer malgré tout

Aujourd’hui, je me sens mieux, mais les jours de fête restent encore des moments très douloureux. Ces journées, normalement remplies de bonheur, me rappellent que je n’assiste pas aux grandes étapes de la vie de mon petit-fils. Je pense également énormément à lui lors des vacances scolaires, car ce sont normalement des périodes privilégiées pour les grands-parents. Quand je fais mes courses et que je passe par le rayon jouets, cela me fait un pincement au cœur. J’aimerais tellement pouvoir le gâter, lui faire plaisir, vivre des choses avec lui. J’envisage d’ouvrir un livret à la banque pour lui verser régulièrement une somme d’argent, une façon indirecte pour moi d’être présente dans sa vie. Grâce à mon fils cadet, je reçois régulièrement des photos de lui en cachette. Elles sont un vrai réconfort et je les ai toujours précieusement avec moi. Maintenant que je commence à accepter la situation, je ressens le besoin d’en parler. Je suis certaine que je ne suis pas la seule grand-mère à vivre cette situation.

Si vous êtes dans cette situation, je vous donne deux conseils: agissez directement pour ne pas aggraver la situation et partagez avec vos proches ce que vous avez sur le cœur. C’est pour cela qu’aujourd’hui j’ai décidé de témoigner, néanmoins je préfère rester discrète car je ne veux pas envenimer les choses avec ma famille. Je ne sais pas si la situation évoluera un jour, pour l’instant en tout cas, j’éprouve beaucoup de rancœur, car le temps perdu ne se rattrapera jamais. J’espère qu’en grandissant, mon petit-fils s’interrogera sur l’existence de ses grands-parents et qu’il prendra lui-même l’initiative de nous connaître, car je serai toujours là pour lui.”

Texte: Marie Demaret | Coordination: Stéphanie Ciardiello

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