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Témoignage: “Nous avons eu recours à la procréation médicalement assistée pour devenir parents”

Si Leititia est aujourd'hui une maman comblée, elle et son mari ont dû se battre pour fonder une famille. Après des années de combat contre l'infertilité, ils sont devenus parents grâce à la procréation médicalement assistée. Un parcours que la jeune femme partage avec nous.

Leititia témoigne sur son parcours PMA

Lorsque j’ai connu mon mari, je dois bien vous avouer que cela n’a pas été le coup de foudre que tout le monde attend. S’il y a toujours eu de l’amour entre nous, son côté calme et posé, c’est-à-dire tout l’inverse de moi (rires) me faisait plutôt penser que notre relation ne durerait pas. Et pourtant, quelques mois plus tard, notre relation s’est intensifiée. C’était alors clair: il serait l’homme de ma vie, le père de mes futurs enfants. Peu après, nous avons donc sauté le pas et avons décidé de faire un bébé ensemble.

Nous n’étions pas particulièrement impatients, et l’on savait que faire un enfant prenait plusieurs mois, mais au bout d’un an d’essais bébé infructueux, nous avons commencé à nous dire que quelque chose n’allait pas. Nous avons pris rendez-vous avec mon gynécologue, qui nous a fait passé différents tests de fertilité. Après quelques semaines, le verdict est tombé: si tout allait bien de mon côté, les spermatozoïdes de mon mari avaient eux un souci. Selon le médecin, ils restaient immobiles et étaient de très mauvaise qualité. Faire un bébé naturellement était donc impossible pour nous. Je dois bien vous avouer que cette annonce fut difficile à accepter pour lui. Il n’est pas du genre à exprimer ses sentiments facilement, mais je crois que son orgueil masculin en a pris un coup. Lorsque l’on parle d’infertilité, il est vrai que l’on pense souvent que ce sont les femmes qui en sont victimes, or ici, ce fut tout le contraire.

Après le choc des résultats, on passe aux solutions médicales

Après avoir digéré cette réalité, notre médecin nous a donc orientés vers la fécondation in vitro, qui consiste à implanter le spermatozoïde dans l’ovule avant de le transplanter dans l’utérus. Et comme tout parcours de procréation médicalement assistée, faire une FIV demande une sacrée préparation. Au 1er jour du cycle, soit trois semaines avant le début de la stimulation ovarienne, j’ai pris un spray nasal qui déclenche une inhibition du cycle menstruel. C’est un peu comme une ménopause artificielle, avec tous les inconvénients qui vont avec bien entendu: bouffées de chaleur, humeur changeante, palpitations, maux de tête… Bref, que du bonheur! Durant cette période, on doit se rendre à plusieurs reprises à l’hôpital, afin de faire plusieurs vérifications dont des prises de sang.

Ensuite, arrive la stimulation ovarienne. Pendant dix jours, on m’a fait des injections dans le ventre, et ce, quotidiennement. Ces injections ont pour but de stimuler les ovaires et de créer plusieurs ovules. Inutile de vous dire que toute cette stimulation engendre beaucoup de désagréments: gonflement du ventre, douleurs, fatigue… Ensuite, lorsque les ovules ont atteint la bonne taille, l’ovulation est déclenchée, encore de manière médicale, c’est-à-dire par une injection intraveineuse. Et trois jours plus tard, je suis passée, comme on le dit, sur le billard. Les ovules, mûrs, doivent être retirés grâce à une ponction, le tout sous anesthésie générale. Et là encore, les choses sont loin d’être simples: à la sortie du bloc, la douleur est présente, peut même être forte… Et puis prier pour avoir des ovules de bonne qualité, qui ont des chances de pouvoir être “travaillés” par le corps médical.

Une période éprouvante, physiquement et émotionnellement

On ne s’en rend pas forcément compte lorsque l’on commence les traitements. Quand on ne sait pas ce qui nous attend, on y va un peu la fleur au fusil, mais cette période de traitement est incroyablement difficile, physiquement et moralement. Et cette période affecte tout votre univers. Dans le couple, l’écart peut se creuser. Mon mari a vécu ça un peu de son côté, et moi du mien. Il était plutôt distant par rapport à tout cela, car pour lui rien n’était vraiment concret ni physique. Je me suis sentie seule, et pas vraiment soutenue.

Je ne lui en veux pas, car je le connais, et je sais que c’était sa manière de se protéger de tout ça, mais pour moi tout cela était très concret. C’était mon corps qui prenait toutes ces hormones, qui vivait la douleur, les ponctions… Et au niveau de la vie professionnelle, on ne peut pas dire que les choses soient plus faciles. J’ai dû m’absenter régulièrement pour les échographies, les prises de sang et pour me reposer après que l’on m’ait opérée ou implanté les ovules fécondés. Si vous travaillez dans une société compréhensive ça peut bien se passer, mais ce ne fut pas mon cas… Je peux vous le dire, cette période fut très éprouvante à vivre.

Une fois implantée, l’attente…

Toute cette période, médicalement éprouvante, n’existe que pour une raison: créer des embryons en laboratoire, que l’on vous implante, enfin. Mais ce n’est pas pour autant que le parcours est terminé, bien au contraire. Lorsque l’on vous implante un embryon, vous devez ensuite rester au repos total, et attendre que les jours passent afin de savoir si un bébé va s’accrocher… ou pas.

Cette attente fut incroyablement longue et difficile pour moi. Je n’ai fait que penser à l’embryon jour et nuit. Je me demandais s’il allait bien s’accrocher, ou ce que j’allais faire s’il ne s’accrochait pas… j’ai pensé à ça tout le temps, cela m’obsédait. À tel point que lorsque mes règles sont arrivées quelques jours après l’implantation, j’ai craqué. J’étais littéralement en larmes. Heureusement, je suis quelqu’un de plutôt optimiste. Je me suis donc vite remise de tout cela, et nous avons entamé directement une deuxième FIV. Et j’ai bien fait d’y croire, puisque cette deuxième implantation m’a donné la plus jolie preuve que le courage est toujours gagnant: un embryon s’est accroché. J’étais enceinte, enfin. Et si je n’osais y croire après toutes ces épreuves, je goûtais enfin au bonheur d’attendre un enfant.

Une grossesse sans nuage

Après avoir vécu une grossesse parfaite en tout point, notre petit Noé est né en juin 2011. Cette naissance fut un véritable déclic pour mon mari, qui a enfin montré sa joie d’être père… Tout ce combat était enfin concret pour lui, une fois notre fils dans ses bras. Ce furent des moments de pur bonheur. Noé était un bébé calme, souriant… un bébé parfait. J’avais tellement bien fait de m’accrocher, d’y croire, et d’avoir vécu ces moments, si éprouvants soient-ils. Après quelques mois, il m’a paru évident de lui donner un petit frère ou une petite sœur. Être mère était une évidence pour moi. Je voulais retenter l’expérience et agrandir notre famille. Et cela impliquait de repasser par ce parcours du combattant qu’est la FIV. Mon mari n’était pas vraiment partant. Nous avions enfin un enfant après toutes ces difficultés, il trouvait que cela était bien suffisant.

Mais après quelques semaines de discussions, il a décidé de me faire confiance et nous avons entamé un troisième parcours de procréation médicalement assistée. Malheureusement, nous n’avons pas eu autant de “facilité” que pour Noé. Pour mon premier enfant, et bien que les traitements furent lourds, les résultats furent rapidement positifs. Ici, ce fut tout le contraire. Lors de chaque ponction, je n’avais qu’un embryon de bonne qualité à transférer, les implantations étaient à chaque fois un échec.

Le couple qui en prend un coup

Mon mari et moi sommes alors rentrés dans une espèce de sphère infernale. J’étais en colère, car je ne comprenais pas pourquoi cela ne voulait pas fonctionner malgré les efforts. Physiquement, les prises d’hormones m’ont fait prendre beaucoup de poids, et je commençais à avoir de grosses douleurs dans le dos. Moralement, c’était encore plus difficile à vivre, autant pour mon mari que pour moi. J’étais triste tout le temps, et je déchargeais ma mauvaise humeur et ma colère sur lui. Il a été très conciliant et patient avec moi, mais cela n’a pas été facile à gérer pour lui. Malgré tout, voir le sourire de Noé me donnait l’envie de lui donner un petit frère ou une petite sœur.

Et à la quatrième fécondation, l’espoir a pointé le bout de son nez: quatre embryons de bonne qualité avaient été créés. J’ai donc été implantée et trois semaines plus tard, le test de grossesse m’a donné un joli positif. Enfin! J’étais ravie. Mais ce bonheur fut de courte durée. Après la prise de sang, mon gynécologue a constaté que mon taux hormonal n’augmentait pas comme il le devait… Après une échographie, il m’a annoncé que deux embryons s’étaient accrochés, mais qu’ils s’étaient implantés dans l’une de mes trompes. Et elle était dans un si mauvais état qu’elle risquait de se rompre à tout moment.

Une grossesse extra-utérine et une vie en danger

Ma vie était donc en danger. La décision fut donc prise le soir même: l’ablation de ma trompe droite. J’étais en dessous de tout. Triste, déçue, en colère envers le sort qui s’acharnait contre moi. Mais il nous restait trois embryons et un courage à toute épreuve. Nous avons donc décidé de vite rebondir et très rapidement, j’ai pris rendez vous pour implanter un autre embryon. Nous avions par contre pris une autre décision: cette tentative serait la dernière. Moralement, cela devenait trop difficile à gérer pour moi, pour mon mari, mais aussi pour notre couple. Les tensions étaient présentes et mon mari ne comprenait plus vraiment pourquoi je voulais ce deuxième enfant à tout prix. Physiquement, les effets secondaires des hormones m’épuisaient, me bouffaient littéralement de l’intérieur.

Trois semaines après l’implantation, j’ai eu des saignements. Les fameux saignements qui indiquent l’échec de le FIV. Et le test de grossesse acheté en pharmacie n’a fait que confirmer que je n’étais pas enceinte. Étonnament, j’ai mieux réagi cette fois-là. Je me suis dit: “Ok, c’est terminé, nous n’aurons pas de second enfant”. J’étais certes triste, mais à ce moment-là, je voulais passer à autre chose. Noé était là, je devais m’investir à 100% avec lui, car je n’étais pas entièrement disponible pour lui avec toutes ces difficultés. La vie allait continuer à trois.

Et puis surprise!

Alors que j’avais fait mon deuil d’un deuxième enfant, l’univers m’a fait une surprise de taille: une après-midi, j’ai commencé à avoir de très gros saignements. Je ne comprenais pas vraiment pourquoi, car j’avais été réglée quelques semaines avant, et pour moi il était clair que je n’étais pas enceinte. J’ai malgré tout vite été à la pharmacie à côté de mon bureau, pour aller chercher un test de grossesse. Et là, consternation: le test était positif… J’étais sous le choc! Comment pouvais-je être enceinte, alors que j’avais été réglée et que le test avait été négatif? Je vivais entre joie et angoisse: j’étais enceinte, mais je faisais certainement une fausse couche!

Ma responsable m’a conduite aux urgences et elle a prévenu mon mari de la situation. Le ciel lui est tombé sur la tête, il ne comprenait pas ce qu’il lui arrivait. On m’a fait une batterie de tests, et puis on m’a installée pour une échographie. La gynécologue m’a alors confirmée que j’étais enceinte. Elle m’a demandé de regarder l’écran pour voir mon bébé mais je n’osais pas. Je me disais “non, je ne suis pas enceinte, ce n’est pas possible…” Elle a alors branché le son pour me faire entendre son cœur. Je me suis effondrée en larmes. J’étais bien enceinte. Les saignements ont cela dit révélé un décollement placentaire important, et donc un repos obligatoire de plusieurs semaines, qui s’est ensuite transformé en une grossesse presque entière à rester couchée, sans pouvoir me lever.

Le combat n’était pas terminé

Ce furent des mois très compliqués. Les pires que j’ai eu à vivre. Je devais rester couchée et mon gynécologue ne pouvait pas me garantir que j’allais garder mon bébé, car le décollement était très important. J’ai dû être hospitalisée quelques fois. Ensuite, on a diagnostiqué que le fœtus n’avait qu’un rein. Mais le plus difficile fut de faire vivre cela à mon fils. Du jour au lendemain, je n’ai plus pu le porter, jouer avec lui dehors, me balader, le mettre au lit. J’ai fait mon maximum pour qu’il ne ressente pas trop le fait que j’étais alitée, mais il a développé une grosse angoisse de la séparation. Il pleurait tous les soirs parce que je ne pouvais lui faire des câlins dans son lit et nous faisait de grosses colères. Il exprimait à sa façon son incompréhension.

Vers la fin de cette grossesse compliquée, un diabète gestationnel a poussé les médecins à provoquer mon accouchement trois semaines avant le terme. Max a pointé le bout de son nez le 24 novembre 2014. Il était tout petit, 47 cm pour 2kg700. Quelques soucis de santé ont obligé notre deuxième enfant à rester dans le service néonatal durant 12 jours. Je suis donc restée avec lui. Malgré toutes ces difficultés, Noé s’est transformé en grand frère gaga. Fini les colères, et les crises. Il était doux, attentionné et très sage, un vrai bonheur.

Une famille au complet… ou pas?

Après toutes ces épreuves, nous sommes toujours debout. Nous profitons aujourd’hui de nos deux fils, nous sommes en train de construire notre maison et nos enfants sont en très bonne santé. Noé et Max sont deux garçons très différents, Noé est sensible et doux et Max a un tempérament de battant, avec son caractère bien à lui. Rien d’étonnant après son parcours de vie! De mon côté, j’ai été licenciée le jour du premier anniversaire de Max. Officiellement, je ne véhiculais plus une bonne image de la société. Officieusement, quand j’ai demandé un courrier d’explications, j’ai appris que mes nombreuses absences pour mes grossesses avaient eu un impact néfaste sur les chiffres de l’agence.

Il y a quelques mois, cinq ans après les dernières implantations embryonnaires, nous avons été contactés par le Centre PMA, pour savoir ce que nous comptions faire des deux embryons restants. Le débat est donc relancé. Pour l’instant, nous avons juste décidé de prolonger la congélation d’un an, afin de réfléchir. Mon mari a peur que nous nous lancions dans une troisième grossesse, et je ne peux que le comprendre: j’ai 39 ans, j’ai été opérée quatre fois du dos en deux ans, à cause d’une hernie discale due à ma prise de poids et à mon alitement prolongé. Et depuis ma deuxième grossesse, j’ai aussi développé un diabète de type 2. Si nous en restons là, nos deux embryons seront donnés à des couples qui ne savent pas avoir d’enfants.

Nous réfléchissons encore. Mais quoi qu’il en soit, je peux vous dire que le parcours PMA est long, difficile, et peut même être dangereux. Mais quand je vois mes fils, je me dis que tout cela en valait la peine.

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