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Témoignage: “J’ai failli mourir le jour où j’ai donné naissance à mon enfant”

Par Tatiana Czerepaniak
Eugénia est une jeune maman comblée par sa petite Summer. Mais en devenant maman, elle a bien failli perdre la vie, en partie à cause de l'incompétence d'un gynécologue peu attentif.

J’ai failli mourir le jour de mon accouchement

“Après 16 ans de vie commune et d’aventures extraordinaires, mon mari et moi décidons de devenir parents. Je tombe rapidement enceinte, après trois mois à peine. Une merveilleuse nouvelle, nous sommes heureux comme tout! Nos parents le sont encore plus. Très rapidement, les maux de grossesse arrivent, surtout les nausées. Mais à part cela, tout est parfait, et après quatre mois de grossesse, mon gynécologue nous annonce que nous attendons une petite fille. Nous sommes sur un petit nuage!

Vers 5 mois de grossesse cependant, je me rends aux urgences pour une douleur inhabituelle dans le bas du ventre. Je suis reçue par un gynécologue de garde qui remarque que mon placenta est trop bas. Je suis assez étonnée, car cela n’a jamais été pris en considération par mon gynécologue. Sans contre-indication médicale, je continue à travailler et à mener une vie normale. L’accouchement étant prévu pour le 31 décembre 2016, nous décidons de faire appel à une sage-femme pour préparer la naissance.

Le 8 décembre, nous avons rendez-vous chez le gynécologue. Comme notre petite fille est toujours en siège et que l’accouchement est pour bientôt, il décide de pratiquer une version afin de positionner le bébé tête en bas. Il demande donc à mon mari de se lever pour me tenir la main. Je comprends très vite pourquoi: parce qu’effectivement cela fait très mal. Mais ce que je ne savais pas au moment de la version, c’est qu’elle doit normalement être faite avec l’accord et le consentement éclairé du gynécologue et de la patiente. Ce qui n’a pas été le cas, étant donné que mon gynécologue ne m’a jamais expliqué ce qu’il allait faire et les risques encourus, ainsi que la douleur pour la mère et l’enfant. Je crois que l’on peut aujourd’hui parler de maltraitance. Sans compter que cette version fut un échec.

Des douleurs anormales

Quelques jours après la version non concluante, je me rends à la maternité car j’ai de fortes douleurs. Après un monitoring montrant que j’ai des contractions, le corps médical me dit de rentrer chez moi, à mon grand étonnement. Le lendemain, le gynécologue veut retenter la version (et j’ignorais toujours ce que j’encourais exactement). Il nous a demandé de ne pas nous présenter à l’accueil, et de ne surtout pas dire que nous venions pour une version. Je ne comprends pas vraiment pourquoi, mais n’étant pas médecin, je fais aveuglément confiance au spécialiste. J’ai su bien plus tard qu’avant d’envisager une version, un échographie morphologique doit être envisagée, afin de vérifier si un accouchement par voie naturelle avec un bébé en siège est envisageable.

Le 21 décembre, une dernière visite chez mon gynécologue avant son départ en vacances le lendemain, pour deux semaines de congé. Je l’avertis que j’ai des contractions et que je sens de moins en moins mon bébé bouger. Cependant, malgré avoir expliqué mes inquiétudes, nous n’avons toujours pas d’explications éclairées sur le déroulement ou les risques. La veille de Noël, je ne sens plus mon bébé et ce malgré quelques procédés conseillés par ma sage-femme pour la faire réagir. Je sens au plus profond de moi que quelque chose ne va pas. Lors de mon arrivée à l’hôpital, je suis prise en charge par une stagiaire qui, enfin, me prend au sérieux. Elle me met sous monitoring, qui s’avère être assez mauvais, très monotone et avec la pointe du cœur de mon bébé vers le bas. Elle décide de procéder à une césarienne en urgence, malgré le refus des médecins qui souhaitent que je rentre chez moi. En effet, le premier remplaçant de mon gynécologue était lui aussi en vacances, et que le deuxième avait quant à lui refuser de venir car avait bu 2 verres de champagne, alors qu’il qu’il était censé être de garde!

La panique et la délivrance

Je suis totalement en panique. Mon mari essaie de me rassurer, mais rien n’y fait.
Je descends au bloc en faisant un dernier bisou à mon chéri, pensant le revoir bientôt, évidemment. L’anesthésiste pratique la péridurale, mon chéri me rejoint, et on attend notre bébé… Les médecins la sortent de mon ventre, mais elle ne pleure pas…. On leur pose des questions, mais pas de réponse. Nous avons appris peu après qu’elle a dû être réanimée. Le choc. Effectivement, notre fille avait le cordon enroulé cinq fois autour du cou, et une fois autour des pieds. Mon instinct ne m’avait pas menti.

Très rapidement, je ressens une douleur intense. Mon lit bouge de gauche à droite, je ressens la douleur jusque dans ma poitrine. Mon mari a été appelé pour aller voir notre fille. Je demande de l’aide mais personne ne me répond. Je suis seule, dans ce bloc et j’ai mal. Très mal. Le gynécologue de garde et son assistante tentent alors de retirer mon placenta, avec beaucoup de difficulté.

Et puis l’horreur

C’est à ce moment que mon sang s’est mis à couler. Tout le corps médical se demande ce qu’il se passe. Les médecins tirent sur ce placenta, sans résultats, et j’ai atrocement mal. J’entends le gynécologue demander au chef de service de venir de toute urgence. J’ai tellement peur! Je veux voir mon mari, ma petite fille, je crie. Une sage-femme court vers moi et me tend ma fille. Je sens sa petite joue contre la mienne à peine trois secondes et elle repart. C’est alors qu’ils décident de m’endormir.

Mon mari attend dans une salle avec notre bébé et mes parents qui s’inquiètent, car ils n’ont toujours pas de nouvelles. Mon mari décide d’appeler l’infirmière, qui vient lui dire qu’ils sont occupés de sauver sa femme, et lui demande de ne plus les appeler, mais il ne sait rien de plus. Le chef de service arrive et se rend alors compte que j’ai un placenta accreta. Cela consiste en une anomalie du positionnement du placenta sur l’utérus. Au lieu d’être fixé sur l’endomètre utérin, il est directement au contact du myomètre (la partie musculaire qui travaille durant l’accouchement). Cette anomalie a entraîné une importante hémorragie. Heureusement, il a pu sauver mon utérus, mais toutes n’ont pas cette chance.

Je suis restée aux soins intensif pendant 3 jours, et on m’a transfusé pas moins de quatre litres de sang. Avec des contractions provoquées toutes les 2 minutes pendant 48 heures pour faire descendre mon utérus, ce qui a été atrocement douloureux. C’est mon mari qui s’est occupé de notre bébé, venant me voir quelques heures par jour.

Je suis ensuite remontée en maternité, mais l’horreur ne s’est pas arrêtée pour autant. Mon bébé fait alors des convulsions, et se retrouve en couveuse pendant 2 nuits. Selon la pédiatre, cela peut arriver après un accouchement difficile. Mais c’était trop pour moi, je m’effondre littéralement. Je pleure sans m’arrêter. On m’amène notre fille dans mon lit car je ne sais toujours pas me lever… C’est tellement difficile. J’ai appris plus tard par le chef de service que j’ai un utérus de type bicorne, qui peut éventuellement faciliter les bébés en sièges. Cela n’a jamais été décelé par mon gynécologue.

Et ce n’est pas fini…

Nous sommes rentrés à la maison quelques jours après toute cette épreuve tous ensemble, mais pas indemnes. Plusieurs mois, ma fille allait bien dans l’ensemble, mais elle a subi une série d’examens suite à ses convulsions. J’attendais de savoir si une éventuelle nouvelle opération était nécessaire, et j’attendais avec impatience mes règles, car il y avait un risque de ménopause précoce! Elles sont arrivées après trois mois, mais ne se sont plus arrêtées! Plusieurs échographies et IRM ont révélé que j’avais un résidu de placenta de 2 cm situé assez mal dans la corne de l’utérus, et qu’il n’est pas encore cicatrisé. La paroi de mon utérus étant beaucoup trop fine, il y a donc un risque de passer au travers. Avec ces saignements quotidiens, mon moral au plus bas, je fais des crises d’angoisse. Bref, ce n’est pas facile tous les jours.

Pour moi, le constat est clair: il y a eu plusieurs manques de précautions et d’informations durant toutes les étapes importantes de ma grossesse. Mon gynécologue aurait dû prévoir une césarienne et aurait pu éviter ou diminuer les risques, l’hémorragie, et nous aurions dû être pris en charge par des médecins compétents. Nous nous sentons vraiment victimes de médecins peu professionnels. Lors de mon hospitalisation, nous avons pu discuter avec des sages-femmes, des kinésithérapeutes et des médecins, qui ont reconnu que mon gynécologue était connu pour être un véritable kamikaze dans ce domaine, se croyant au-dessus des lois.

Petit à petit les langues se délient, et j’ai appris que je n’étais pas le seul cas délicat, mais bien le plus grave. Nous avons donc décidé de nous lancer dans une procédure judiciaire, pour que cela n’arrive pas à d’autres femmes.”

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