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Pourquoi les écoles belges sont-elles de nouveau en pénurie de professeurs?

Par Tatiana Czerepaniak
C'est un problème de plus en plus récurrent: cette année encore, les directeurs d'écoles primaires et secondaires de la Fédération Wallonie-Bruxelles courent partout, à la recherche d'enseignants disponibles pour s'occuper de leurs classes. Une enseignante dénonce le problème.

Pour preuve, le nombre important d’offres d’emploi d’instituteurs primaires et secondaires  sur les sites spécialisés et sur les réseaux sociaux. Et cette pénurie a des conséquences directes sur nos enfants: élèves dispatchés dans les classes des enseignants présents, retard pris sur la matière, heures d’études et de “temps libres” qui s’accumulent, voire décrochage scolaire… La qualité du système éducatif belge, classé par l’ODCE 23ème sur un total de 34 pays, ne risque pas de s’améliorer avec ce manque important de professeurs.

D’où provient cette pénurie?

Si de nombreux parents peuvent constater le manque de moyens et de personnels dans les écoles de leurs enfants, on ne peut que se demander d’où provient cette pénurie de plus en plus importante. Pour répondre à cette question, nous avons interviewé une enseignante, donnant cours en région bruxelloise. Elle a souhaité témoigner anonymement.

Selon vous, pourquoi le métier d’enseignant est-il en pénurie?

“Cela fait un peu plus de sept ans que je travaille en tant qu’enseignante, mais je peux vous dire que travailler pour le système scolaire belge peut s’avérer très usant parfois. Et cela tient à plusieurs choses: déjà en septembre, la rentrée a été compliquée à mettre en place, et trouver un planning cohérent a été difficile pour de très nombreuses écoles. Les classes ont été directement surchargées. Certains de mes collègues ont eu à gérer des classes de près de 30 élèves. Il est de notoriété commune que les classes belges soient en “surpopulation”, mais honnêtement, c’est de pire en pire.

Et au quotidien, la gestion d’une classe de 28 élèves s’apparente plus à de la survie qu’à un réel enseignement. On travaille à la débrouille et à l’entraide, mais la charge mentale est impressionnante, et pour peu que l’on ait en classe des élèves présentant des problèmes d’apprentissage, de comportement, ou des histoires de vie compliquées, cela peut vite être difficile. En début d’année on y arrive, mais une fois arrivé en décembre ou en janvier, on voit les collègues tomber comme des mouches: dépression, burn-out, fatigue extrême… Alors oui, il y a peut-être plus difficile comme emploi, on a les congés scolaires et nos week-ends, mais vous n’imaginez pas les heures que l’on passe à préparer, corriger, aider, remédier… Et on n’est vraiment pas aidé par le Ministère: beaucoup de projets sont en cours, mais très peu sont vraiment concrétisés, et on a surtout l’impression d’être pressé comme des citrons par un système de plus en plus en dehors de la réalité de terrain”.

Pensez-vous que les jeunes soient moins intéressés par les études d’enseignant?

“Soyons honnête, le job d’enseignant n’est pas le plus glamour du monde. Le salaire n’est pas des plus attrayants et, il faut bien l’avouer, les débuts d’un prof ne sont pas toujours roses: il faut souvent passer d’école en école pour avoir un horaire (presque) complet, ce qui implique de faire pas mal de déplacements, et du travail en plus. Cela dit, l’enseignement peut être un métier passionnant, à partir du moment où c’est une vocation. Le problème est qu’aujourd’hui, beaucoup de jeunes enseignants s’essouflent rapidement, se démotivent et partent vers des emplois plus confortables, dans le privé. Bref, ils ne restent pas, sauf s’ils sont vraiment passionnés par ce métier”.

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